"PUTAIN, CYLA, C'EST VRAIMENT UN CSÁKY CUBISTE!"

Ou les ajouts d'un pseudo-celeb à l'écriture de l'histoire de l'art

Gergely Barki

Il semble que notre auteur, Gergely Barki nous fournit d'une histoire de découverte fantastique chaque printemps. En effet, ceci n'est pas une seule, mais au moins cinq, eh bien c'est une occasion parfaite de nous détendre et de nous émerveiller aux temps du coronavirus.

Il s'agit ici d'une histoire de recherche du 21e siècle. Elle est tout à fait comme ce siècle. Je ne peux pas — voire, je ne veux pas — l'écrire d'une manière habituelle, donc je m'excuse à l'avance auprès de ceux qui s'attendent à une étude d'histoire de l'art, style élevé, conforme à la méthodologie traditionnelle, bien que j'aie déjà indiqué dans le titre que ce ne serait pas le cas. Je cherchais une forme convenable car il s'agira ici un peu de tout: une histoire de famille riche en rebondissements dramatiques et amusants, des histoires d'évasion trompant les collaborateurs français et les envahisseurs allemands, des pertes de l'Holocauste, des expériences de découverte imprégnées de sentiments eurêka, des oeuvres d'art perdues et retrouvées, des mystères jusqu'ici non résolus et des connexions enchevêtrées apparemment inexplicables, des manifestations suprêmes des artistes et de leurs actions obscures satisfaisant leurs désirs ignobles, des histoires dignes d’être présentées dans les tabloïds et aussi de la haute culture, voire de la haute couture! Je vais vous présenter des oeuvres graphiques, des peintures, des sculptures, des photos, mais aussi des fleurs artificielles et des boutons décoratifs, sans parler des bijoux en résine synthétique.

Screenshot 2020 05 23 at 20.49.24
József Csáky: Figure de femme. statue terre cuite colorée, hauteur: 36 cm, coll. privée, Photo: © György Darabos / Hungart © 2020

Méthodologie Cyber 'n' Bulldog

Mon frère jumeau Martin, vivant à Stuttgart, qui est, lui aussi, un historien de l'art par ailleurs, à la veille de sa fête — tout en mettant l'oie au four probablement, car il est aussi un excellent cuisinier! — m'a lancé un message via Messenger: (1)

M.: « J'ai grandi dans un environnement où la mode, l'art, m'entouraient. Mon arrière-grand-père était le peintre Rezső Bálint, mon arrière-grand-mère avait une galerie à Paris. Endre Ady, Béla Czóbel, Joseph Csaky, l'un des plus grands sculpteurs cubistes hongrois, faisaient partie du cercle d'amis de la famille. J'ai passé beaucoup de temps avec ma grand-mère à Paris et sa tante, Éva Révai, qui a créé des accessoires pour les grandes maisons de couture. » Connais-tu ce type?
G.: Qui est-ce?
M.: Csaba Kajdi, il peut être intéressant, j'ai fait un peu de recherche, il dit que Czóbel eut conté fleurette à son arrière-grand-mère.
G.: Je ne le connais pas, mais je m'occupe de tous les autres mentionnés, Rezső Bálint m'intéresse particulièrement. Où l'avez-vous trouvé?
M.: Https://168ora.hu/eletmod/a-sz...
G.: Cool! Thnx (Et en plus une vidéo est venue de la série d'interviews de Kriszta D. Tóth, intitulée Je vous emmène avec moi.)
G.: Le Fr de RB avait une importante galerie à Paris. Avec de nombreux Czobels, il avait aussi Modigliani. Il s'app’la Berger.
M.: problmnt c'est lui
G.: Ça, j'vais chercher ce pingouin!
M.: AMA il va être ravi de toi
G.: M’ci pour l'idée!
M.: j'espère 'va te donner qc de neuf
G.: Sûr !!! 

Quand j'ai parlé du « chat » ci-dessus à la maison lors d'un déjeuner du dimanche, ma femme, ma mère et mes trois adolescentes ont laissé tomber la cuillère, cinq paires d'yeux féminins m'ont regardé en même temps avec le même regard d’un mépris incommensurable.

Screenshot 2020 05 23 at 20.51.52

Rezső Bálint dans les années 1930, photo d'archive et Rezső Bálint: Autoportrait, 1923, encre lavée, papier, 30 x 24 cm HUNGART © 2020

"Tu ne sais pas qui est Cyla?" Elles reniflèrent presque aussitôt. Comme je l'ai indiqué au début, nous sommes mi-novembre 2019. Cyla, c'est-à-dire Csaba Kajdi, était déjà suivie par plus de 100 000 sur Instagram, et plusieurs interviews ont été réalisées avec lui, puisque des stars internationales ont émergé de son agence de mannequins ces dernières années, visibles sur les podiums les plus prestigieux de l'industrie de la mode et sur les couvertures de magazines internationaux haut de gamme. Cependant, sa popularité est davantage due à son vlog publié sur Instagram, avec lequel il ridiculise le monde superficiel des célébrités locales, alors qu'il dessine une forte caricature de lui-même et de son identité. Son vocabulaire dans ses vlogs — entre autres « VID » (vide la place! va t'en!) Et « Sayé » (ça y est!) — est utilisé d'une manière évidente non seulement par des gamins et de jeunes adultes, mais même par une certaine strate de personnes âgées, et même quelques speakers de certaines stations de radio l'ont repris, sans oublier qu'il apparaît sur des t-shirts, des casquettes et des accessoires. Je n'en savais rien du tout à ce moment-là, mais maintenant j'ai honte de mon ignorance. Actuellement, tout le pays connaît Cyla, car en tant que membre du jury du show télévisé «Regarde, qui suis-je? — Théâtre des mystères», il a presque emménagé chez les Hongrois le dimanche soir.

Notre première rencontre a eu lieu bien avant ce moment, mais les choses ne se sont pas déroulées aussi facilement que je m'y attendais. Je lui ai fait une demande d'ami sur Facebook, mais rien ne s'est passé pendant des semaines (NB!, pas confirmé depuis, euh, Cyla!). Je lui ai envoyé une présentation profonde et assez longue de tout ce que je recherche et de ce qui m'intéresse. Rien pendant des semaines. J'ai demandé son numéro de téléphone à un ami Facebook (alors seulement pseudo-) commun (que c'est utile !!!) et je l'ai appelé tout de suite.(2) Je me souviens exactement: j'étais au volant à trente-cinq minutes en voiture de chez moi. Tout ce que j'avais à faire était d'appuyer sur un bouton: Après s'être excusé de ne pas réagir, Cyla a déversé l'histoire de sa famille pendant trente-cinq minutes, toutes les histoires dont il avait la sainte conviction qu'un historien de l'art ne pouvait certainement pas s'en soucier. J'ai insisté sur ce point: mais oui, cela m'intéresse beaucoup, c'est exactement ce que je recherche depuis presque vingt ans, et même si je sais beaucoup de choses qu'il ne sait probablement pas, même sur ses ancêtres, ses informations sont encore toutes neuves pour moi.

Il ne comprenait pas, par exemple, pourquoi Rezső Bálint m'intéressait-il, lui qui ne préoccupait jamais personne. Il m’a fait savoir qu'il avait déjà été visité par des muséologues, des historiens de l'art, des galeries et des marchands, mais tous le cherchait d'une raison différente, ils n'étaient pas très intéressés, alors bien sûr, il ne leur a pas tout montré. Il était évident qu'il vaudrait la peine de se connaître en personne. Si l'équipe de tournage d'un documentaire était à côté de moi, le réalisateur aurait grommelé en s'essuyant les yeux larmoyant à chaque minute: "C'est ça, les garçons! Allez, continuez!"

Histoire de famille Chapitre 1
Les Bálint, le clan Berger

Tard dans l'après-midi du dimanche suivant, je suis entré dans l'appartement de M. Kajdi, où Sanyi, le chien francophone — pardon —, chien plutôt comprenant le français, m'a reçu chaleureusement. À partir de ce moment, la caméra du documentaire aurait pu continuer à tourner, puisque des anecdotes venaient de sortir de la bouche de Cyla pendant qu'il cherchait des albums photo, des lettres et d'autres documents dans l'appartement. Pour me mettre au courant dans le système de relations enchevêtré, je lui ai demandé d'esquisser un arbre généalogique et un network artistique verbal improvisés, mais j'en étais alors étourdi, donc nous avons commencer plutôt à faire le tour de l'appartement et moi, médusé, restais stupéfait sans paroles.

Screenshot 2020 05 23 at 20.53.48

Rezső Bálint: Étude, 1912, fusain, papier, 30 x 46 cm Photo: © Balázs Deim / HUNGART © 2020

Commençons par le fait que Rezső Bálint a été traité par peu de gens avant moi, peut-être que Ferenc Bodri mérite d'être mentionné, mais il ne l'a pas recherché en profondeur, il ne s'intéressait à lui qu'à comme ancien voisin du studio de Modigliani.(3) Je suis tombé sur Rezső Bálint pour la première fois il y a 15 ou 16 ans à peu près, tout à fait par hasard, lors de la préparation de l'exposition des Fauves Hongrois, expo déjà dans l'oubli, couverte du brouillard de l'âge héroïque (Galerie Nationale de Hongrie, 2006). Un soir, assis à mon bureau, j'ai remarqué que l'image sur l'une des fiches de description d'art de la Galerie Nationale ne montrait aucune similarité aux autres peintures de Rezső Bálint, bien qu'elle ait été incluse en tant que telle et qu'elle ait été présentée comme son œuvre même à l'exposition mémorable de Nagybánya en '96 (GNH). Signature RB, le titre de l'image: Dans le parc. Sur la photo, des enfants se prélassent dans l'herbe, environnement vraiment parc. En regardant la minuscule reproduction noir et blanc, il m'est venu à l'esprit qu’un autre peintre de la signature RB, Róbert Berény, avait exposé sa peinture Enfants dans le jardin en 1906 au Salon d’Automne à Paris, et que j’avais crue auparavant perdue. La carte de description était marquée d'un texte illisible sous la signature. Pourtant, je pouvais le lire: Tótfalu. Berény est parti en vacances à Tahitótfalu en 1906, le puzzle s'est donc réuni. Bingo! Adieu paternité Bálint, c'est Róbert Berény qui a peint le tableau, dont j'ai découvert plus tard que non seulement son monogramme était le même, mais qu'ils vivaient tous les deux dans la rue Városmajor en même temps, à un jet de pierre, et Berény a même fait un petit dessin à l'encre de son collègue peintre, Rezső Bálint.(4) Touché par le remords que j'ai dépossédé le pauvre Rezső Bálint d'une peinture, je me suis chargé d'écrire des notes biographiques de lui dans le catalogue.(5) J'ai cherché et recherché des données pendant près de deux ans, j'ai fait un vrai forage profond. En plus d'un matériel riche, je suis également tombé sur des œuvres que je pensais perdues, mais celles que j'ai reproduites dans le tout premier article Wanted dans l'Artmagazin ne sont pas retrouvées depuis lors.(6) Il avait aussi un dessin de nu rappelant le style des élèves de l'école Matisse, que je voulais vraiment trouver et exposer au salon des Fauves et dont l'importance a été soulignée par le fait qu'il était également reproduit par le mensuel littéraire Nyugat à l'époque.(7) Littéralement, les poils sur mes bras se sont dressés lorsque Cyla l'a tiré d'un des coins et a dit seulement: "C'est Mamika!" Dès que j'ai appris de lui, Rezső Bálint a rencontré Juliska Windt (future Mamika), habitante locale à ce temps mais d'origine de Nyírség, au début de sa période passée à la colonie de peintres de Kecskemét, en 1912, et qui lui a fait naître trois filles. Je vais encore écrire d'elle plus tard. De petites images, des aquarelles, des pastels des années 20, 30 et 40, qui m'étaient inconnus, sont apparus, et même ce soir-là, nous sommes allés en voiture au bureau de Cyla, rue Városmajor (cela ne peut pas être une coïncidence non plus!), où encore d'autres œuvres inconnues de Bálint étaient accrochées aux murs.

J'ai commencé à poser des questions sur Béla, l'un des frères de Rezső Bálint, dont je savais seulement qu'il avait un commerce d'objets d'art très important à Paris sous le nom d'Adalbert Berger — parce que c'était le nom original de la famille juive(8). Béla Berger, peu après son arrivée à Paris — grâce à la recommendation de son frère Rezső — est devenu secrétaire, servant et laveur-auto du peintre István Farkas, mais en plus a commencé à vendre de petites oeuvres de Farkas et de ses amis au Marché aux Puces, à Paris. Quelques années plus tard, il a ouvert sa propre boutique d'objets d'art au bord de la Seine; et ici surtout des peintures de Gleizes, Gondouin et Herbin pouvaient changer de main, et aussi celles de Robert Delaunay, avec qui il avait une relation plus étroite. Sa collection d'œuvres d'art était également importante, en plus de certaines œuvres de Modigliani et Braque, il possédait également un bon nombre de peintures de Delaunay, Gondouin et Czóbel. J'ai appris tout cela d'un article de journal(9) sur la mort de Béla Berger en 1938, et en plus du livre intitulé « Dans la lumière, dans la tempête » de Zseni Várnai, dans lequel on parle abondamment de Rezső Bálint, mais aussi du troisième frère, Jenő Bálint, critique d'art qui a découvert le fils de l'écrivaine, Gábor Peterdi.(10) Je constate seulement entre parenthèses qu'un portrait d'amitié recto verso est apparu il y a quelques années, sur un côté du carton Rezső Bálint a peint l'image de profil de Gábor Peterdi, sur l'autre autoportrait à la pipe de Peterdi.(11)

Histoire de famille Chapitre 2
Juliska (alias Júlia Windt, alias Júlia Bálint [?], alias Júlia Berger, alias Julia Berger, alias Julia Kellermann)

Cyla m’a également servi d’un complément utile sur Béla Berger: sur la photo de mariage du célèbre marchand de tableaux parisien, joliment encadrée sur l'un de ses murs, presque tout le clan Berger était rassemblé. Mais comme il s'agissait des marchands d'art, Cyla a de nouveau mentionné Juliska, l'épouse de Rezső Bálint (Berger), son arrière-grand-mère, qui a également ouvert une galerie à Paris dans les années 1930. Cependant, je n'en savais per absolute rien du tout auparavant, mais je suppose que les deux galeries peuvent avoir été en quelque sorte liées. Nous n'avons pas connaissance des descendants de Béla Berger, nous apprenons le nom de sa femme d'après le livre de Várnai, mais nous ne savons pas s'il avait des enfants. Ce qu'est le sort de la collection et le stock de la galerie reste un mystère, bien que, ayant connaissance des œuvres importantes mentionnées ci-dessus, il vaudrait la peine de le découvrir. Il est à supposer qu'après la mort de Béla Berger, Juliska a pris le matériel de la galerie, mais nous n'avons pour l'instant aucune preuve positive à cet égard.(12)

Screenshot 2020 05 23 at 20.55.32

De gauche à droite: Béla Berger et sa fiancée, photo archive; Julia Berger (Windt) à Paris dans les années 1930, photo archive; caricature d'un artiste inconnu de Juliska Berger

En même temps, Cyla était déjà en mesure de rendre compte de ce qui est arrivé à la galerie de sa grand-mère, Juliska, et quelques semaines plus tard, j'ai pu poser des questions à la mère de Cyla, Annamária Básti, qui vit dans le sud de la France, sur la Côte d'Azur, parce que les traces et certaines infos sur des documents gardés par elle m'ont mené clairement à elle. Nous nous sommes rencontrés dans la ville de Menton, à quelques kilomètres de la frontière italienne, où moi et la mère de Cyla avons enregistré environ cinq heures d'audio de l'histoire de la famille.(13) C'est à ce moment-là que les fils de l’intrigue ont commencé à s'emmêler vraiment et je ne peux qu'espérer que le lecteur puisse suivre.

Annamari a sorti un papier jauni à en-tête qui disait: "Galerie d'Orsel, Tableaux modernes, Julia Berger, 16, rue d'Orsel, Paris".

Il est étrange que l'arrière-grand-mère émancipée — il suffit de jeter un coup d'oeil à la photo d'elle — a utilisé le nom du mari, Berger, même si elle vivait depuis longtemps séparément de son mari, Rezső Bálint (Berger). Le nom Berger, d'autre part, peut avoir sonné bien, car, après Léonce Rosenberg, connu comme galeriste et l'un des premiers collectionneurs les plus importants de Picasso, Metzinger, Braque, et même du hongrois József Csáky et encore d'un nombre d'artistes cubistes, Béla Berger (sous le nom d'Adalbert Berger bien sûr) a été considéré comme galeriste de deuxième ligne parmi les galeristes parisiens à succès récent. Juliska Windt a donc gardé le nom de son mari après son arrivée à Paris en 1929 — en effet, à l'invitation de son vieil amour de Kecskemét, Dezső Kellermann, qui sera également mentionné plus tard(14) — en laissant tout après elle, même deux enfants mineurs, elle n’a emmené avec elle que la troisième, son aînée, Ancsa.(15) Bien sûr, le mari plaqué, Rezső Bálint, connaissait la liaison entre Juliska et Dezső Kellermann, mais dans les années 1930, lui-même, il a passé un temps considérable à Paris. Cependant, la question est de savoir si Kellermann, encore sans fortune à Kecskemét, déjà enrichi à Paris dans le commerce d'objets d'art, a-t-il aidé Juliska avec sa galerie à Montmartre, ou a-t-elle tenu la boutique toute seule?

En tout cas, le nom à consonance juive est mal venu pour Juliska quelques années plus tard. Pendant l'occupation allemande de Paris, les nazis ont réquisitionné la galerie, Juliska a dû fuir.(16) Elle n'a rien pu emporter avec elle, mais elle a quand même réussi à sauver un petit dessin de Léonard de Vinci, qui lui a donné chance de recommencer une nouvelle vie plus tard. Les réfugiés de Paris se dirigeaient généralement vers le sud de la France, tout comme Juliska. Elle est arrivée à Nice via Besançon. Dans sa fuite, elle a été accompagnée par son amant, Dezső Kellermann, autrement dit Désiré, prétendant encore refusé à Kecskemét. Juliska a payé le concierge dans un palais bourgeois grandiose à Cimiez, quartier élégant de la ville, à quelques pâtés de maisons du célèbre Regina, pour révéler s'il y avait un appartement abandonné et évacué par les locataires. Il y en avait un, donc suivant les conseils du concierge, elle a mis une brosse à dents et un matelas dedans pour indiquer que cet appartement public était déjà occupé. C'est ainsi qu'ils ont échappé au camp de la mort. Bien plus tard, dans les années 50 ou 60, l'Allemagne a versé une indemnité à Juliska pour la galerie confisquée, mais nous ne saurons peut-être jamais quelles œuvres les nazis ont emportées avec eux et si cette indemnisation a vraiment couvert la valeur réelle des œuvres enlevées.

Histoire de famille Chapitre 3
Les Kellermann, l'entrée étrange de Czóbel

Après un temps, Juliska a pu reconnaître ouvertement son amour de jeunesse, et plus tard, en 1959, elle a même épousé Dezső Kellermann, surnommé Pickó dans la famille, alors aujourd'hui Annamária parle de lui comme de son grand-père et Cyla comme de son arrière-grand-père, bien que — au moins officiellement — il s'agisse seulement d'une sorte de pseudo-grand- ou arrière-grand-parent.(17)

Screenshot 2020 05 23 at 20.57.03

Dezső Kellermann (Désiré Kellermann) à Nice, photo archive et Dezső Kellermann et Juliska à Nice, photo archive

Ils habitaient ensemble dans l'appartement bourgeois de Nice, qui devenait de plus en plus un salon, mais aussi un commerce d'oeuvres d'art exclusif. Déjà à Paris, Kellermann a fait connaissance et du commerce avec les meilleurs artistes de l'époque, dont Braque, Vlaminck, Utrillo, De Ségonzack, et surtout son bon ami André Derain, dont Désiré a offert en vente des peintures,(18) mais plus tard son fils, Michel Kellermann a compilé le «catalogue raisonné» de l'ancien artiste fauve en trois volumes.(19) Le travail des Kellermann mérite de faire l'objet d'une étude distincte, qui pourrait également susciter un intérêt accru sur le plan international, mais il y a aussi un important fil conducteur hongrois à ce sujet, qui m'intéresse particulièrement. C'était l'autre, ou bien, à vrai dire, au moins la troisième raison déjà pour laquelle je voulais rencontrer Cyla.

Le nom de Michel Kellermann me semblait familier, car je l'ai sous les yeux presque constamment à moi, étant curateur du musée Czóbel à Szentendre. Une grande partie de notre collection du matériel graphique a été sa donation pour le musée, et même une pièce importante de l'exposition permanente est un portrait qui représente lui-même plus âgé. Cependant, grâce à Mimi Kratochwill, nous connaissons également un portrait beaucoup plus ancien de Michel, pris en tant qu'enfant en 1926, qui est devenu connu sous le titre « Mon ami, Michel ». Il m'a toujours été très étrange de voir combien de photos de Michel Kellermann se trouvent dans le documentaire de Czóbel chez Mimi, même des photos prises comme enfant, ce qui suggère que, pour une raison quelconque, Czóbel a jugé particulièrement important de les garder avec lui.

Screenshot 2020 05 23 at 20.58.24

Béla Czóbel: Paysage du sud de la France, vers 1930, huile sur toile, 50 x 60 cm, collection privée et Béla Czóbel: Mon ami Michel, 1926, huile sur toile, 81 x 50 cm, collection privée HUNGART © 2020

Une anecdote qui éclaire ce mystère — que je connais des récits unanimes de Cyla et de sa mère — est une délicatesse qui devrait être née sous la plume de Krisztián Nyáry, mais elle ne doit pas être décrite comme un ajout à l'histoire de l'art, pourvu qu'elle est sérieusement vraie.

Selon la légende, en reconstruisant le puzzle, juste avant l'éclat de la Grande Guerre, l'une des aventures de Czóbel à Paris a eu une conséquence inattendue: la jeune fille est tombée enceinte, mais le peintre n'a pas pu l'épouser car il était déjà marié. Pour aider la femme enceinte d'une manière ou d'une autre, il s'est adressé désespérément à son ami, Dezső Kellermann, qui était encore célibataire à ce temps-là. Juliska, l'amour de Dezső ou Désiré, étant encore demeurée en plein doute en Hongrie, près de son mari bohème, Rezső Bálint, qui a perdu toute fortune aux cartes, alors Dezső a épousé la petite amie de Czóbel, ignorant que l'embryon du peintre s'agrandissait sous le cœur de la jeune femme. Neuf mois plus tard, Michel, le garçon est né, et Czóbel le nomme seulement son ami dans le titre de sa peinture.(20) Si tout cela est vrai, Michel Kellermann est le deuxième enfant de Béla Czóbel, bien qu'un enfant naturel, illégitime, et il n'est plus étrange que Kellermann a cédé cent quarante graphiques du peintre au musée comme donation. Selon une autre anecdote, engendrée beaucoup plus tard, Czóbel a été très résolu de voir Kellermann épouser enfin Juliska puisqu'ils étaient déjà tellement épris l'un de l'autre, mais la femme de Désiré — c'est-à-dire l'ex-maîtresse de Czóbel, qui était environ de seize ans plus âgée que Dezső — ne voulait point divorcer. Czobel a ensuite fait une offre qu'il serait heureux d'affirmer à la cour quelle cocotte Madame Kellermann avait été. Mais cela ne s'est pas produit, car Juliska ne voulait même pas entendre parler du plan de Czóbel.

Screenshot 2020 05 23 at 20.59.52

De gauche à droite: Béla Czóbel en 1928; Michel Kellermann en 1925 et 1928, photos archive

Il vaut également la peine de mentionner que cette dernière histoire a déjà eu lieu à Nice, et nous savons également que le divorce de Czóbel a été annoncé aussi à Nice. Etrange coïncidence. Czóbel était donc lié aux ancêtres de Cyla et sa famille avec de nombreux fils, Béla Berger a recueilli ses tableaux et il a fait du commerce avec, mais Juliska et Kellerman ont également contribué un peu à la sécurité financière du peintre, en plus, il était un invité régulier au dîner chez eux. La soeur de Juliska, Klára Windt (à mentionner, elle aussi, plus tard), possédait également deux œuvres de Czóbel, qui provenaient probablement de Juliska et Dezső Kellermann. Aujourd'hui, une seule peinture de Czóbel, un paysage français, appartient à la famille, mais ce tableau jusque-là inconnu est un autre ajout à l'œuvre de Czóbel.

Histoire de famille Chapitre 4
Klára Windt et József Csáky

Lors de ma première visite (plus tard il y en a eu plusieurs), Cyla — si'il en avait déjà fait mention au téléphone — a sorti une petite statue en terre cuite et j'en suis resté comme deux ronds de flan. Il a présenté ma réaction sur place d'une manière bien amusante; il a téléchargé immédiatement son petit vlog sur ma visite sur son compte Instagram. Permettez-moi de citer: «[... alors] j'ai dû m'énerver, folie totale, car il est venu chez moi, imaginez, Gergő, wow, chéri! Historien de l'art. Et imagine, il m'a écrit une fois comme ça, parce que dans une de mes histoires, il a vu que [...] — méchamment sympa du reste, il a deux filles [trois — GB], qu'il a entendu un reportage avec moi que Rudolf, Rezső Bálint, ça dépend, comme tu veux, donc c'est un parennnt à moi, tu sais, mon arrière-grand-père, le peintre. Et puis Gergő me dit... imagine, il ne me croyait pas [...] écoute bien maintenant, je lui dis [c'était au téléphone avant notre rencontre — GB], Gergő, si vous pensez, je vais vous montrer — je sais qu'il s'intéresse à mon arrière-grand-père —, mais j'ai une statue cubiste très correcte de Joseph Csáky. [...] je suppose que sa tête était comme ça "laisse-moi tranquille", ne m'abuse pas, on t'a fait tomber à la tête quand tu étais enfant, ou qu'est-ce qui t'est arrivé, mon Dieu? Êtes-vous tombé du berceau? Cyla, d'où pourrais tu avoir une statue de Joseph Csáky? Eh bien, chéri, le mec est arrivé dimanche, et tu sais, je lui montre alors comme ça ... Regarde, c'est ça dont je parle! [...] Imagine, il s'est écroulé. Il m'a dit: Mais ta mèèèère toi, Cyla, j’ peux pas y croire, c'est vraiment un Joseph Csáky! Je vais lui dire, ok, et p'quoi alors tu m'a emmerdé au-dessus, hein, mon p’tit Geri? »

Screenshot 2020 05 23 at 21.01.19

Michel Kellermann avec son portrait peint par Czóbel, Photo: © Kratochwill Mimi / HUNGART © 2020, Cyla avec la statue en terre cuite de Csáky, Photo: prise par l'auteur, Annamária Básti à Nice devant l'appartement de Kellermann en janvier 2020, Photo: © Júlia Kohonóczki / HUNGART © 2020

Il était vraiment difficile de croire qu'une véritable sculpture cubiste par excellence se trouvait dans le petit appartement caché de Buda, pourtant je traite de ce sujet en ce moment. Je travaille à la préparation d'une exposition sur l'art des cubistes hongrois avec mon collègue Zoltán Rockenbauer depuis huit ans.

(Au fait, j'ai eu beaucoup de chance avec le timing, car la statuette et tout ce que je pouvais voir chez Cyla n'était que temporairement en Hongrie, deux semaines plus tard, presque tout est rentré en France, à la résidence là-bas.)

Au cours des dernières années, j'ai réussi à localiser plus d'une centaine (!!!) d'œuvres cubistes perdues ou inconnues auparavant, et j'ai également trouvé quelques œuvres de Csáky — des sculptures, mais principalement des graphiques — que même son monographe ne connaissait pas auparavant, mais aucune statue unique, non-casting, hors série n'a encore été trouvée. De plus, la forme et la polychromie de la statue étaient familières, j'étais sûr de l'avoir vue reproduite quelque part, au moins en noir et blanc. Au moment où je suis rentré, j'ai ouvert bien sûr la monographie Csáky de Félix Marcilhac, et l’image de l'œuvre est immédiatement apparue, même à deux endroits différents du livre.(21) La petite statue en terre cuite peinte était cachée depuis cent ans exactement, mais malheureusement le monographe n'a pas atteint ma découverte, il est mort juste alors chez lui à Marrakech.

Selon les données du "catalogue raisonné", en vertu d'un contrat exclusif entre Csáky et Rosenberg, la sculpture a été transférée au galeriste , qui l'a transmise un an plus tard, en 1921, tout en réalisant un profit de cent Francs, à l'un des plus grands collectionneurs de l'époque, Jacques Zoubaloff, qui l'a ensuite vendue aux enchères avec toute sa collection, en 1935.

Screenshot 2020 05 23 at 21.05.26

De gauche à droite: Carte de visite de József Csáky; Lettre datée du 22 août 1937 à Klara Windt; József Csáky en uniforme français pendant la Première Guerre mondiale, photos archives

La question s'est immédiatement posée de savoir, si ce qu'on lit dans le catalogue des œuvres était vrai, comment la petite statue, qui, selon Cyla, appartenait à l'origine à Klára Windt (Clara Windt), son arrière-grand-tante, pouvait-elle arriver chez eux. Elle est la sœur de Juliska, qui gagnait son pain comme gouvernante à Paris et dans ses environs. Selon Cyla et sa mère, Csáky a longtemps courtisé Klára, qui a reçu cette statue et une autre, plus petite, également en terre cuite, mais plus tardive, pas de la période cubiste de l'artiste. En plus de la découverte de la ou des statues, la survenue de cette histoire d'amour secrète était aussi intéressante, d'autant plus que les données bibliographiques l'ont complètement ignorée. Pour prouver qu'il ne s'agit pas seulement d'une « intrigue amoureuse », non plus d'une légende familiale, huit petites enveloppes se sont rapidement rassamblées à côté de la statue, avec l'écriture de Csáky, adressées à Clara Windt, puis trois autres lettres y étaient ajoutées par Annamaria à Menton tout en enrichissant la collection des preuves de cet amour secret. Du contenu des lettres, il ressort clairement qu'une longue liaison passionnée s'est développée entre Klára et Csáky, mariés depuis des décennies et ayant même élevé deux filles. Les enveloppes contenaient deux photographies de Csáky en uniforme militaire, prises encore pendant la Première Guerre mondiale. Ces pièces extraordinaires et uniques sont maintenant publiées pour la première fois, tout comme la sculpture colorée (au moins en couleur).

Revenant au mystère de la provenance, la question se pose immédiatement, si les données du « catalogue raisonné » n'étaient pas fausses, et que l'œuvre avait en effet passé par la collection de Zoubaloff et bien sûr que l'histoire de Klára Windt était vraie — ce dernier ayant l'air aussi solide que le granit. Elle est peut-être vraie si la statue, après l'avoir vendue aux enchères par Zoubaloff, a été en quelque sorte retournée à l'artiste, mais je n'ai pas encore trouvé d'explication convaincante à ce sujet à moins que le sculpteur ne l'ait rachetée. Toutes les deux déclarations pourraient être vraies même s'il s'agissait de deux sculptures différentes, c'est-à-dire des variantes ou des copies l'une de l'autre. Cependant, j'ai pu rapidement rejeter cette suggestion, car j'avais une photocopie archive de haute qualité de la sculpture originale, prise en 1920, qui nous a été mise à disposition par Amélie Marcilhac en mai dernier, lorsque nous avons pu examiner la documentation complète Csáky dans leur galerie(22). A ce moment-là, je ne savais rien de l'existence de la sculpture, mais de toute façon, j'en ai pris une photo comme une image Wanted, pensant qu'elle sera bonne pour l'exposition. Elle m'a également été utile pour la comparer avec la statue originale. Etant donné que la photographie originale était de qualité suffisamment bonne, elle me convenait à la comparaison et il est devenu évident que la sculpture que je tenais dans ma main était la même que celle qui figurait dans la monographie de Marcilhac. Mais qu'est-ce que les chiffres de vente ont à voir avec si l'œuvre a été donnée à Klára par Csáky elle-même?

Screenshot 2020 05 23 at 21.09.57

Photo de Figure féminine, statue en terre cuite de József Csáky, 1920 Photo: © Marc Vaux / HUNGART © 2020

Au verso de la photo originale se trouvait une courte documentation manuscrite(23) et au-dessus le numéro de référence du cliché: 360/7099. Heureusement, nous avons déjà photographié le documentaire de Léonce Rosenberg sur Csáky dans la bibliothèque Kandinsky du Centre Pompidou, donc un registre de clichés photographiques (au moins un extrait) était disponible.(24) La liste ne comprend que les éléments suivants: "Sculpture". Un peu plus haut (le numérotage est incomplet et confus), à côté du numéro 328, vous pouvez voir le titre et les données qui correspondent beaucoup plus à notre statue: "Figure terre [cuite] polychr. [omée]". Pour être sûr s'il y avait une erreur dans la numérotation ou ailleurs, j'aurais certainement besoin de voir la photo 328, mais je ne l'ai pas pour le moment, donc il me faudrait un autre stage de recherche à Paris. A cause du coronavirus, je ne peux pas y penser actuellement. On peut imaginer également qu'il y ait eu une autre sculpture en terre cuite polychrome avec une composition complètement différente, mais aucune trace de cela ne peut être trouvée dans la monographie. Selon les données du « catalogue raisonné », l'œuvre en question — c'est-à-dire l'oeuvre qui figure sur la photo —, est signée, tandis que ni l'œuvre présentée par la photographie, ni la sculpture aujourd'hui mise au jour, qui doivent être identiques, ne contiennent pas de signature visible. Il s'agit ici certainement d'une perte de données.(25) On y lit également que l'oeuvre a été achevée le 6 août 1920, enregistrée comme achetée pour cinq cents francs le 18 octobre, enfin vendue à Monsieur Zoubaloff le 21 décembre 1921 pour six cents francs.

Dans une lettre à Rosenberg datée du 15 octobre 1920, Csáky informe son galeriste que la statue en terre cuite, qu'il avait vue auparavant, était terminée et qu'il attendait de le rencontrer le 16, ce qui revient à dire que les données ci-dessus semblent correctes, du moins jusqu'à ce que la sculpture soit devenue la propriété de Rosenberg.(26) Il a déjà été mentionné ci-dessus que Zoubaloff a vendu aux enchères sa collection en 1935 à l'hôtel Drouot. J'ai réussi à commander le catalogue original en ligne, qui comprend en fait une sculpture en terre cuite peinte de Csáky intitulée Figure de femme.(27) Ce titre est tout à fait conforme à la statue qui vient d'être mise au jour, aucun problème jusque là. Cependant, les données de la taille ne sont pas entièrement correctes, car la hauteur de la statue récemment découverte est de trente-six centimètres, tandis que le catalogue en montre trente-huit. Bien sûr, cela aurait pu être une mauvaise mesure, ou bien, en son temps, la terre cuite creuse et peu solide aurait pu obtenir un mince socle temporaire. Puisqu'il n'y a pas de photo de la sculpture dans le catalogue de Zoubaloff, il est difficile de décider si la statue mise aux enchères par le collectionneur excellent est celle qui vient d'être découverte ou une autre terre cuite Csáky, encore non-identifiée.

Une chose est sûre, et c'est que Csáky a fait don de la statue dans les années 1930 (la statue dont la photo figure dans la monographie!) à Klára Windt, qui l'a conservée pour le reste de sa vie. Il n'est pas non plus sans intérêt de connaître la vie de Klára et le sort de la statue par la suite.

Screenshot 2020 05 23 at 21.11.21

Clara Windt, photo archive, Klára Windt avec son mari, Hans Günther Schulze, photo archive

Klára a probablement rencontré Csáky par l'intermédiaire de son beau-frère, Rezső Bálint.(28) Leur relation contradictoire a duré entre 1932 et 1937, du moins selon le témoignage de leur correspondance. La liaison devait être connue par l'épouse, surtout qu'on sait que Marguerite elle-même a ouvertement trompé son mari avec ardeur pendant ces années.(29) Cette histoire d'amour, qui pourrait être le sujet typique d'un roman français, continue par l'entrée d'un jeune homme allemand, Hans Günther Schulze, habitant à Paris à l'époque pour ses études et son travail, et avec qui Klára, parallèlement à son affaire avec Csáky, a fait connaissance. Une histoire d'amour s'est également développée entre eux, qui n'a pas pris fin même après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Hitler a fait rentrer les hommes allemands de l'étranger même avant la guerre, alors Günther a également été rappelé en Allemagne, il est entré dans l'armée, puis il a été commandé de retourner à Paris lors de l'occupation de la France, où il faisait partie du groupe d'écoute grâce à sa bonne connaissance de la langue française. Günther n'avait aucune idée que Klára, qui avait été élevée dans une institution catholique, était juive, donc il ne lui venait pas à l'esprit que son amour était incompatible avec lui. Ils ont poursuivi leur relation amoureuse sous l'occupation allemande, Günther changeait l'uniforme en vêtements civils dans la cage de l'escalier pour visiter Klára même pendant les jours les plus dangereux. Ils sont restés ensemble après la guerre, puis se sont mariés. Klára est décédée en 1974 et ne lui a jamais dit un mot de ses origines. Sa mort a choqué Günther parce que ces deux personnes vivaient presque exclusivement l'une pour l'autre. Il n'avait rien touché pendant trente ans, laissant tout comme c'était le dernier jour de la vie de Klára. Sa robe cintré, la statue de Csáky à côté de deux flacons de parfum Guerlain, avec le collier de perles de Klára dessus. Sous la période de deuil, Günther a rencontré l'une des amies de Klára, qui a remarqué au cours de la conversation combien Klára avait eu de la chance de survivre à l'Holocauste. Günther s'est effondré puisqu'il avait interrogé plusieurs fois Klára sur ses origines juives lors de l'avoir présentée à ses parents. Ses parents étaient méfiants, mais lui-même était sûr de la parole de Klára, qui a insisté de la nier.

Cette histoire devrait plutôt sortir le la plume d'un romancier, mais la préservation de la sculpture et sa découverte chanceuse actuelle est également extrêmement importante pour la recherche en histoire de l'art.

C'est important parce que nous ne connaissons aucune autre sculpture en terre cuite colorée de l'ère cubiste de Csáky, c'est donc une pièce absolument unique, une découverte importante dans l'histoire internationale du cubisme. Le rôle de cette pièce dans l'œuvre entier est au moins aussi important, car cette période de Csáky a immédiatement précédé à son changement de style, ceci étant son premier, quoique très incertain pas vers l'art déco, surtout si nous examinons ses sculptures et ses reliefs en pierre de coloration similaire dans les mois et les années à venir. Il est à mentionner ici toute une série d'aquarelles, à travers lesquelles, s'appuyant sur les formes caractéristiques du cubisme, il s'est engagé dans une direction plus claire, parfois vers l'abstraction, mais aussi vers le décorativisme. C'est principalement la forme arrondie des lèvres en un style minimaliste et la mise en forme stylisée des cheveux ondulés qui seront retracés aux œuvres réalisées entre 1920 et 1922, dont cette pièce expérimentale est l'archétype ou l'antécédent le plus important. (Juste entre parenthèses et juste pour le plaisir, je note que nous trouvons des traits très similaires sur la célèbre affiche Modiano d'un des plus grands maîtres hongrois du design d'affiches art déco, Róbert Berény.) En tout cas, la terre cuite récemment découverte s'adapte parfaitement aux oeuvres cubistes, donc elle sera certainement l'une des pièces les plus appréciées de notre exposition consacrée aux Cubistes hongrois. Il est intéressant de remarquer que la famille possédait une autre statue de Csáky. L'artiste a sculpté un buste de la fille de Dezső Kellermann à l'âge de douze ans, mais cela n'a encore été ni identifié ni localisé.(30) Il y a encore beaucoup à faire en ce qui concerne les oeuvres "wanted"!

Histoire de famille Chapitre 5
Les Révai

Ce sont des membres de la famille assez éloignés, mais ils constituent une partie importante de l'histoire familiale. Lors de ma première visite, certaines parties du mur semblaient vides, des photos manquaient ici et là. Enfin, je me suis mis au courant que toute une série de photo était prêtée au Musée d'Histoire de Budapest, au Château de Buda à l'exposition temporaire intitulée « Au Revoir! », surtout les photos d'Ilka Révai, dont le portrait emblématique de Kassák est connu par tous. Une autre photo de Kassák, que je ne connaissais pas auparavant, au moins aussi forte, figurait dans le catalogue de son exposition de 1919 du magazine Ma, dans la salle ancienne de la rue Váci.(31) Les petites oeuvres graphiques publicitaires du studio Révai ont également été dessinées par Sándor Bortnyik, l'un des membres du cercle Ma, atelier intellectuel de Kassák.

Screenshot 2020 05 23 at 21.12.59

Photographe inconnu(e) (peut-être Ilka Révai): André Kertész et Éva Révai en compagnie de quatre (détail), vers 1927, photo archive et Sándor Bortnyik: Graphiques publicitaires du studio de photographie d'Ilka Révai, 1919 HUNGART © 2020

Bien que je ne sois pas chercheur de l'histoire de la photographie, il est devenu clair à quel point l'œuvre d'Ilka Révai n'a pas été exploré, quoique la photographe, qui peut également être associée à l'activisme, attire l'attention non seulement par son activité photographique, mais également en tant qu'hôtesse de l'un des plus importants salons intellectuels de l'époque, également considérable pour la recherche de l'avant-garde. Des écrivains modernes, des poètes, des artistes et, bien sûr, d'autres photographes ont également fréquenté les événements sociaux dans l'appartement et le studio de la rue Szentkorona, ainsi que de jeunes artistes débutants comme notamment Attila József, qui a même versé dans un poème le souvenir de son amour non partagé pour Éva, fille d'Ilka Révai.(32) Peut-être ne semble-t-il que renforcer le fragile caractère bavard de mon écriture, si je mentionne que le jeune poète rejeté a couru vers la mère d'Éva et a trouvé consolation chez Mme Ilka, qui, malgré toute notre générosité, âgée cinquante-deux, ne pouvait être considérée ni belle, ni charmante. Et ce n'est pas une légende urbaine, Attila József lui-même en a avoué.(33)

Il est vite devenu évident que les héritiers, Cyla et sa mère conservent des souvenirs de famille anciens et plus récents pas tellement d'Ilka, mais plutôt de sa fille, Éva, qui est décédée en 2006, à l'âge de cent un ans(34). Son œuvre est encore moins connu que celle de sa mère, bien qu'elle soit liée à la vie artistique de Paris par plusieurs fils.

Screenshot 2020 05 23 at 21.14.50

Reproduction de la photo d'Ilka Révai de Lajos Kassák, 1919, Éva, Photographie de sa mère, Ilka Révai, années 1920, André Kertész: Photographe Ilka Révai et sa fille, Éva, 1927, Paris, Musée hongrois de la photographie, Kecskemét HUNGART © 2020

Il semble que la vie lui ait donné une sorte de rôle de muse, car après Attila József, déjà à Paris, André Kertész l'a courtisée pendant une courte période. Kertész a également réalisé plusieurs portraits et doubles portraits d'Éva et sa mère Ilka. Éva a également impliqué André Kertész dans un projet d'art, lui demandant de photographier certaines de ses œuvres d'art appliqué, ses fleurs artificielles artistiques modernes, en soie et en organza pour le salon du célèbre icône parisien de la mode Paul Poiret. Habitant encore à Budapest, Éva Révai a commencé à fabriquer des fleurs artificielles, principalement des campanules, à partir de soie d'origine japonaise. Il s'agissait principalement d'accessoires pour chapeaux et manteaux. C'était avec ces œuvres uniques qu'elle a explosé dans la vie de la mode parisienne dans la seconde moitié des années 1920, et on l'a retrouvée bientôt près des plus grands joueurs. Elle a exposé également ses articles de mode modernes au Salon d'Automne à Paris en 1925 avec grand succès, et récolte même les lauriers à Londres, puis en Allemagne et en Italie. Ses succès internationaux ont été rapportés successivement par les journaux et les magazines de mode. Malheureusement, il ne reste qu'un seul exemplaire de ces fleurs artificielles en soie artistique chez la famille, et il n'y a qu'une seule photo originale dont on est 100% sûr que nous voyons à travers l'objectif de Kertész; bien que la collection contienne de nombreuses compositions photographiques similaires, leur identification nécessite des recherches supplémentaires. Par ailleurs, il y en a d'autres qui ont également photographié Éva et ses créations. Il suffit de mentionner Ergy Landau, qui est en tête de la liste des meilleures photographes d'origine hongroise dont toute une série de photos était cachée dans l'un des tiroirs. Elles ont toutes présenté les bijoux d'Éva en vitreux et en résine, et dans la plupart des cas, le modèle portant les bijoux était l'artiste elle-même.(35) Les bijoux originaux en résine synthétique ont également été trouvés dans le garage, au moins une partie importante de ceux-ci, voire les outils d'Éva avec lesquels elle a manufacturé ces bijoux extrêmement à la mode et même spécifiquement chic.

Annamari a raconté qu'Éva avait également été incluse dans le décor de l'un des défilés de mode grandioses de Poiret. Le défilé a eu lieu sur l'énorme yacht de Poiret, où un aquarium artificiel a été construit comme séparateur de pièce, dans lequel les plantes aquatiques ont été imitées par les travaux de soie d'Éva. (Soit dit en passant, dans l'élégant salon de mode de Paul Poiret, Éva a également rencontré Sári Fedák, qui s'habillait également du célèbre designer.) Elle a travaillé pour d'autres sociétés de mode, telles que Worth Paris, Maison Carven, mais même Coco Chanel et Dior — on lui a commandé des accessoires, des boutons. Parfois, quand elle n'a pas pu compléter les ordres, Juliska Berger (c'est-à-dire Windt) lui a également aidé.

Screenshot 2020 05 23 at 21.16.23

André Kertész: Fleur artificielle artistique d'Éva Révai pour le salon de mode de Paul Poiret à Paris, vers 1927, propriété privée, HUNGART © 2020

Le sort des deux Révai sous l'Holocauste est également rocambolesque et choquant. Éva est restée à Paris et s'est échappée grâce à son mari, Miklós Marsovszky, mais Ilka est rentrée chez elle, car les nazis ont déclaré que si les Hongrois voulaient protéger les Juifs d'origine hongroise, ils ne pouvaient le faire que dans leur propre patrie. À cette époque-là, la Hongrie observait la guerre depuis presque une loge, et pour Ilka, retourner à Budapest promettait plus de sécurité. En 1944, cependant, elle a disparu, elle était probablement abattue par les croix fléchées dans le Danube, ou bien mise dans un wagon et détruite dans un camp d'extermination nazi.(36) Éva ne pourrait jamais se pardonner la mort de sa mère. La dernière lettre qu'elle a reçue d'Ilka était une feuille de papier découpée, dont tout le contenu a été coupé par la censure, ne laissant que l'adresse et les adieux. C'est ainsi que la lettre a été envoyée à Paris. Ceci est son dernier souvenir d'elle... Annamari et Cyla ont conservé cela jusqu'à maintenant, avec tant d'autres choses dont on doit être reconnaissant.

Screenshot 2020 05 23 at 21.18.42

Ergy Landau: Éva Révai avec les bijoux vitreux qu'elle a conçus et fabriqués, HUNGART, années 1930 © 2020, Colliers vitreux conçus et fabriqués par Éva Révai, bracelet en résine au-dessous eux. Photo: © Nikoletta Kaszner / HUNGART © 2020

Je suis sûr qu'il y aurait encore beaucoup de choses à explorer en relation avec chaque chapitre de ce roman familial, mais en même temps, le grattement de la surface avait déjà donné des résultats historiques encourageant. Je voudrais absolument exprimer ma gratitude à Csaba Kajdi pour m'avoir donné un aperçu de son trésor et à sa charmante mère, Annamari, qui a inlassablement cherché des documents pour aider mes recherches ces derniers mois. L'oral history faite avec elle, parfois très choquante, parfois drôle et joyeuse, est pour moi un souvenir éternel, tout en constituant un fondement stable à mon écriture. Merci beaucoup!

Il est certain qu’un écrivain talentueux pourrait écrire un roman de famille — même une véritable série de romans — de l’histoire des ancêtres de Cyla. Ce serait un best-seller, je suppose.

Screenshot 2020 05 23 at 21.20.22

Fleurs artificielles en organza conçues et exécutées par Éva Révai, 1930, Photo: © Nikoletta Kaszner / HUNGART © 2020

La plus grande leçon pour moi, cependant, est que tant de trésors peuvent être cachés près de nous, des trésors non seulement minuscules et rares, mais même des chefs-d'œuvre considérables qui sont importants à l'échelle internationale. Si quelqu'un me dit il y a six mois que je trouve une statue cubiste de Csáky dans l'appartement d'un influenceur en Hongrie, je vais certainement m'en moquer. Mais maintenant je me prépare pour le cas suivant!

Notes

1 Je voudrais exprimer ma gratitude à Márton Barki pour m'avoir attiré l'attention sur cette importante source.

2 Merci à Rita Ruszina pour son aide à trouver contact!

3 Ferenc Bodri: Un livre hongrois oublié sur Modigliani. In Art, 1970/7, pp. 47–48.

4 Pour plus d'informations, voir: Gergely Barki Children in the garden. In: Annales de la Galerie Nationale Hongroise 2002-2004. 24/9 (MNG Budapest, 2005), pp. 71–72. Détails du dessin à l'encre: Róbert Berény: Peintre (Rezső Bálint dessine), 1917, papier, techniques mixtes, 28 x 22 cm, signé en bas, à droite (sbd) A Rezső Bálint en 1917 en souvenir [illisible] BerényR, coll. priv.

5 Il s'agit peut-être de la biographie la plus complète de Rezső Bálint à ce jour. Gergely Barki Rezső Bálint In: Les fauves hongrois de Paris à Nagybánya 1904–1914. Ed. Krisztina Passuth - György Szücs. Galerie Nationale de Hongrie, Budapest, 2006, pp. 248–249. Une biographie plus complète et une présentation plus complexe de l'œuvre ont à paraître sur les pages d'Artmagazin dans un avenir proche.

6 Gergely Barki: WANTED — L'œuvre elle-même est «recherchée». In: Artmagazin, 2005/7.

7 Rezső Bálint: Étude In: Nyugat, 1912/7, photo, pièce jointe

8 Rezső Bálint est resté Berger [Rudolf Berger] dans ses papiers officiels, tout comme son autre frère Jenő, mais tous les deux ont pris le nom de Bálint comme pseudonymes artistique et écrivain. Le peintre a également changé son nom Rudolf à Rezső qui sonnait plus hongrois.

9 La carrière et la mort tragique d'un garçon de Pest à Paris. In: Kurir éd. du soir, 17 septembre 1938, p. 6.

10 Zseni Várnai: Dans la lumière, dans la tempête. Budapest, 1958; re-publié: Zseni Várnai: Une femme sur des millions. Budapest, Szépirodalmi Kiadó, 1963 (pour Rezső et Jenő Bálint et Béla Berger, voir: pp. 560–561, 566–569, 608–609, 612–616, 637, 664.)

11 Rezső Bálint: Portrait de Gábor Peterdi, 1931. Au verso: Gábor Peterdi: Autoportrait à la pipe, huile, carton, 50 x 36,5 cm, signé en bas à gauche: Gabinak Bálint 931, au dos sbd: Peterdi

12 Mon hypothèse semble être confirmée par le fait que Júlia Berger a ouvert sa propre galerie à Montmartre juste après la mort de son beau-frère, Béla Berger. Nous apprenons cela de la lettre de Miklós Marsovszky à István Bibó, datée du 10 août 1938: "Au moment où vous arrivez, vous ne trouverez plus Juliska avec nous. Juliska est devenue commerçante, ouvrant une boutique d'oeuvres d'art à Montmartre début septembre. Vous lui rendrez visite là. » Communiqué par: réd. par István Bibó fils: Correspondance entre István Bibó et Miklós Marsovszky. In: HOLMI, vol. 25, 2013/2, p. 227.

13 Je remercie encore une fois Annamária Básti de m'avoir aidé avec tant de suppléments. Remerciements particuliers pour les scans et la visite de la maison à Nice. Je voudrais également remercier ma femme, Júlia Kohonóczki, d'avoir été ma partenaire et mon aide dans mon enquête.

14 A Kecskemét, la famille Kellermann a introduit l'électricité, leur surnom était donc «les juifs d'éclair». Renseignement orale de Csaba Kajdi.

15 Juliska a laissé ses deux filles plus jeunes à Budapest. Zsuzsi, qu'elle a envoyée dans un couvent à l'âge de neuf ans, et Judit (la grand-mère de Cyla), qu'elle a laissée dans un orphelinat privé. Lorsque Rezső Bálint (Berger) est revenu de Brasov, où il travaillait à la peinture d'une église, et en apprenant que Juliska était partie, il a assis leur fille aînée, Zsuzsi, neuf ans, sur l'Orient Express et l'a envoyée à Paris. Il en a informé Juliska par télégramme. Judit, quant à elle, n'a pas pu être retrouvée car l'orphelinat était alors en faillite et les enfants avaient été transportés dans divers endroits.

16 La fille de Juliska, Zsuzsi (Suzanne), est restée à Paris à la Nôtre-Dame de Sion, confiée à la garde de Miklós Marsovszky et à sa femme, Éva Révai. Ils ont eu beaucoup de problèmes à cause d' elle parce que Suzanne a mis tout le monde en danger avec son comportement irresponsable. Par exemple: Elle a fréquenté les événements de danse de l'hotel Lutetia, qui était le quartier général des nazis, ou elle a pris la première classe avec un billet de deuxième classe. A Paris, occupée par les nazis, tout cela était une irresponsabilité incroyable, car tous d’entre eux auraient pu être emportés immédiatement. En ce temps-là, même Ilka Révai, mère d'Éva Révai, était à Paris. (On en parle encore!) Renseignement de Csaba Kajdi.

17 Selon Csaba Kajdi et sa mère, il est très probable que Judit (la mère d'Annamari, la grand-mère de Cyla), la fille de Juliska n'est pas du sang de Rezső Bálint (Berger), mais de Dezső Kellermann. Pour cette raison, Judit a été désavouée par la famille Berger. Ainsi, la parenté de sang existe sans doute.

18 Voir ici: Lettre de Dezső Kellermann et son épouse, Júlia (Windt) à Endre Bajomi Lázár, 5 mai 1971, pr. priv. Publié: Anna Tüskés, HAS, Research Center for the Humanities [MTA BTK — l'Académie des Sciences de Hongrie], Réf.: BLE PC 315.

19 Dezső a ensuite travaillé avec son fils Michel, qui vivait à Paris et est diplômé de l'École d'Architecture de la Sorbonne, mais s'est vite rendu compte qu'il aurait beaucoup plus de succès et de bénéfice financier dans le commerce d'art. Il a appris toutes les astuces sur le commerce de l'art de son père, et est devenu un vrai marchand, en plus, il était considéré comme un excellent expert Derain.

20 Michel Kellermann est né en 1914, lorsque Czóbel était encore en France. Il vivait avec sa femme, Isolde Daig, peintre elle aussi, et sa petite fille, Lisa, alors âgée de huit ans, à Montmorency, près de Paris.

21 Félix Marcilhac: Joseph Csaky. Du cubism historique à la figuration réaliste. Catalogue raisonné des sculptures. Paris, Les Éditions de l'amateur, 2007, 57, p. 321.

22 Merci encore à Amélie Marcilhac pour son aide généreuse!

23 Csaky / sculpture (terre cuite) / faîte en 1920 / Dimension: Hauteur: 37 cent. / Collection Léonce Rosenberg

24 Bibliothèque Kandinsky, Centre Pompidou, Paris. Réf. Csaky 9600.337

25 Cette hypothèse a également été confirmée par la fille du monographe, Amélie Marcilhac, elle-même experte de Csáky, merci encore pour son aide!

26 Lettre de József Csáky à Léonce Rosenberg, 15 octobre 1920. Bibliothèque Kandinsky, Centre Pompidou, Paris. Réf. Csaky 10422.59

27 Catalogue des Tableaux Modernes. Aquarelles, pastels, gouaches, dessins, lithographies de "L'Art Moderne" formant la dernière partie de la Collection Jacques Zoubaloff, Hôtel Drouot, Paris, 26 novembre 1935. Cat. No.184. Figure de femme. Terre cuite peinte. Haut., 38 ch.; Larg., 11 c.; Prof., 8 c.

28 Concernant la relation étroite entre Csáky et Bálint, voir la lettre du 9 octobre 1934 de Csáky à Lajos Ernst, dans laquelle il se réfère à Bálint comme son ami. Archives du MNG (Galerie Nationale de Hongrie), No. d'inventaire: 4584/7

29 «[Csáky] s'est marié en 1912 à l'âge de 24 ans. La fille saisissante et asymétriquement belle de 18 ans a servi de modèle à ses amis peintres et sculpteurs — il était le seul qui a pensé à l'épouser. C'était une création vivante et sensuelle, il n'avait jamais connu de pareille. D'ailleurs, elle était insupportable à tous points de vue. Elle l'a trompé, dupé, volé. Ils ont vécu dans un mariage factice pendant vingt ans, pendant lequel la femme était l’amante d’un ami peintre de l’artiste, chez qui elle a finalement emménagé. Pendant l'occupation, la femme l'a trahi aux nazis, essayant ainsi de le faire tuer. Ils avaient deux filles, mais elle n'a pris aucun soin d'elles.» Gabriella Szabó: Croquis de portrait. In: József Csáky: Souvenirs de la grande décennie de l'art moderne (1904-1914). Budapest, Corvina, 1972, p. 110.

30 Lettre de Dezső Kellermann et son épouse, Júlia (Windt) à Endre Bajomi Lázár, 5 mai 1971, ibid.

31 Catalogue de l'exposition de photo-portrait d'Ilka Révai, 1919

32 Attila József: Chanson de Kiszombor, fin 1927

33 Valachi Anna: "La femme est un mystère pour moi" — les femmes d'Attila József. Éditeur Noran Libro, 2013

34 Les données biographiques d'Éva Révai n'apparaissent généralement pas correctes dans la littérature, je voudrais remercier Csaba Kajdi pour la clarification.

35 Éva Révai a travaillé avec beaucoup de sortes de matières dans les années 1930. Sa matière préférée était la résine, pouvant être thermoformée, parfois translucide ou le vitran, mais elle travaillait également avec la bakélite et plus tard avec les métaux précieux, par ex. aussi avec de l'argent.

36 Voir note 33

Traduit par: Zoltán Szabó